Le gouvernement rwandais
aurait fomenté des tentatives d’assassinat contre des opposants au régime de Paul Kagame exilés à l’étranger, selon une enquête du quotidien canadien The Globe and Mail.
Le journal a parlé à des exilés basés en Afrique du Sud et en Belgique, l’ancienne
puissance coloniale, qui ont été recrutés par des agents du renseignement militaire rwandais pour embaucher des hommes de main chargés de tuer les adversaires du président Paul Kagame. Dans une
conversation téléphonique enregistrée en 2011, le chef du renseignement militaire rwandais, le colonel Dan Munyuza, discute avec l’ancien
major Robert Higiro de la façon d’éliminer deux anciens collaborateurs de M. Kagame.
« Le prix n’est pas un problème », a déclaré Munyuza, offrant
un million de dollars pour l’assassinat de l’ex-général Faustin Kayumba Nyamwasa et de l’ancien chef des services secrets Patrick Karegeya, exilés à Johannesburg. « Ce serait
formidable de se débarrasser des deux en même temps, mais si ce n’est pas possible, avec un seul, l’ennemi serait affaibli. (…) S’il (le tueur à gages) pouvait tuer les deux oiseaux avec une
seule pierre et éliminer tous les deux à la fois, il pourrait gagner plus. »
Faustin Kayumba Nyamwasa a survécu à deux tentatives d’assassinat depuis
2010. Patrick Karegeya a été retrouvé mort le 1er janvier, étranglé dans un hôtel de luxe de Johannesburg. Selon The Globe and Mail à chaque fois que Kigali cherche à éliminer des opposants
établis à l’étranger, « des agents rwandais recherchent des personnes vulnérables dans les cercles sociaux de leurs cibles et font pression sur eux ou leur offrent de l’argent
en échange de leur coopération ».
Le gouvernement rwandais est régulièrement accusé d’être derrière les
mauvais coups frappant les opposants de Paul Kagame qui ont demandé l’asile politique à l’étranger. Kigali a toujours nié tout lien avec ces actions, quand bien même M. Kagame ne les a pas
désavouées. A propos de l’assassinat de Patrick Karegeya, Paul Kagame a noté dans une interview au Wall Street Journal: « Le Rwanda n’a pas tué cette personne. Mais j’aurais bien
aimé ». « Peut-être qu’il le mérite », a-t-il dit en 2012 de Faustin Kayumba Nyamwasa, qui a survécu à une tentative d’assassinat à
Johannesburg.
« La trahison a des conséquences. Quiconque trahit notre cause ou souhaite
du mal à notre peuple deviendra une victime. Ce qui reste à voir, c’est comment il deviendra une victime », a récemment déclaré l’homme fort du Rwanda.
Source: Jeune Afrique